window to the past  

Moscou, 1920

Dans les salons moscovites feutrés, à l’abri de l’hiver et de son froid mordant, les discussions vont bon train. On cause des évènements qui ont secoué l’ancienne dame du nord, St Pétersbourg, où les moldus se sont retournés contre Raspoutine. Brûlant les villages magiques slaves, les non-mages enorgueillis ont annoncé la sorcellerie éradiquée.

Avec les survivants commence une ère nouvelle: la prohibition sorcière, où la magie doit demeurer souterraine, clandestine pour subsister. Sous cape, au sein du marché rouge de Moscou, des gangs sorciers tentent de restaurer leur mainmise économique perdue. Ils se partageant la ville et ses passe-miroirs, qui conduisent à des lieux ensorcelés comme le palais Ostankino, ancienne résidence royale magique. D’autres, attablés dans un manoir abandonné, tentent de faire revivre le faste d’antan. Tandis que la vodka coule à flot, une idée fait son chemin dans l’esprit d’un des convives. Tous sont d’anciens dignitaires, autrefois à la cour du Tsar. Tous ont vu les troubles et l'agitation populaire précipiter leurs familles dans la ruine et la désolation. Je vous vengerai… voilà le serment personnel que se fait Mikhaïl Pavlovitch Orlov, comte de son état, dont la sœur et le neveu ont péri dans l’incendie de Koldovstoretz.

Quelques rues plus loin, cachés par les remparts de Kitaï-gorod et bénéficiant du crépuscule, deux silhouettes encapuchonnées scrutent l’horizon, jetant sur la foule des regards à la fois anxieux et impatients. – Vous êtes en retard, Anna Ivanovna. Lance l’un d’eux lorsque la troisième silhouette arrive à leur hauteur. Elle ne se formalise pas de la remarque qu’elle semble ne pas avoir entendue et s’adresse à l’homme resté silencieux et lui tend un minuscule paquet enrobé de tissu. – Aux catacombes, à minuit. Les voix locales et étrangères vont se lever. Au bout d’une poignée de minutes, le petit groupe se sépare sans que personne n’ait vraiment constaté leur présence.